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fille briserait les liens qui l’attachaient à Pompée ? que Crassus, au lieu de revenir triomphant de l’Orient, serait vaincu et tué par les Parthes ? que le meurtre de Clodius bouleverserait toute l’Italie ? enfin, que l’anarchie, qu’il avait voulu étouffer par le triumvirat, serait la cause de son élévation ? César avait devant les yeux de grands exemples à suivre ; il marchait glorieusement sur les traces des Scipion et des Paul-Émile : la haine de ses ennemis le força de se saisir de la dictature comme Sylla, mais pour une cause plus noble et par une conduite exempte de vengeances et de cruauté.

Ne cherchons pas sans cesse de petites passions dans de grandes âmes. Le succès des hommes supérieurs, et c’est une pensée consolante, tient plutôt à l’élévation de leurs sentiments qu’aux spéculations de l’égoïsme et de la ruse ; ce succès dépend bien plus de leur habileté à profiter des circonstances que de cette présomption assez aveugle pour se croire capable de faire naître les événements, qui sont dans la main de Dieu seul. Certes César avait foi dans sa destinée et confiance dans son génie ; mais la foi est un instinct, non un calcul, et le génie pressent l’avenir sans en deviner la marche mystérieuse.


FIN DU TOME PREMIER.