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d’exclure seulement les sénateurs frappés d’une condamnation[1], défendait aux magistrats de prendre les auspices ou d’observer le ciel les jours de délibération des comices[2], enfin il infligeait des peines sévères à ceux qui auraient condamné à mort, sans les entendre, des citoyens romains. Cette dernière disposition était évidemment dirigée contre Cicéron, quoique son nom ne fût pas prononcé. Afin d’en assurer l’adoption, son auteur désirait l’acquiescement de César, retenu aux portes de Rome par le commandement militaire qui lui en interdisait l’entrée. Clodius alors convoqua le peuple hors des murs, et, quand il demanda au proconsul son opinion, celui-ci répondit qu’elle était bien connue par son vote dans l’affaire des complices de Catilina ; que, néanmoins, il désapprouvait une loi prononçant des peines sur des faits qui appartenaient au passé[3].

À cette occasion le sénat prit le deuil, afin de faire paraître à tous les yeux son mécontentement ; mais les consuls Gabinius et Pison obligèrent les sénateurs à renoncer à cette démonstration intempestive.

César, pour soustraire Cicéron au danger qui le menaçait, lui proposa de l’emmener avec lui dans les Gaules comme son lieutenant[4]. Celui-ci repoussa cette offre, se

  1. Cicéron, Discours contre Pison, iv. — Asconius, Sur le Discours de Cicéron contre Pison, p. 7, 8, éd. Orelli. — Dion-Cassius, XXXVIII, xiii.
  2. Dion-Cassius, XXXVIII, xiii.
  3. Dion-Cassius, XXXVIII, xvii.
  4. « Je reçois de César les avances les plus généreuses pour me rendre comme lieutenant auprès de lui. » (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xviii.) « Il a fait passer mon ennemi (Clodius) dans l’ordre plébéien, soit qu’il fût irrité de voir que ses bienfaits mêmes ne pouvaient m’attacher à lui, soit qu’il cédât aux importunités. Cela ne pouvait être considéré comme une injure, car depuis il me conseilla, il me pria même, de lui servir de lieutenant. Je n’acceptai pas ce titre, non que je le jugeasse au-dessous de ma dignité, mais j’étais loin de soupçonner que la République dût avoir, après César, des consuls si scélérats (Pison et Gabinius). » (Cicéron, Discours sur les provinces consulaires, xvii.)