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jours[1]. Contre de pareilles inimitiés il fallait, chose difficile, pouvoir diriger les élections ; or la constitution romaine faisait surgir tous les ans de nouveaux candidats aux honneurs : il était indispensable d’avoir des partisans parmi les deux consuls, les huit préteurs et les dix tribuns nommés dans les comices. À toutes les époques, au temps même où l’aristocratie exerçait le plus d’influence, elle ne put empêcher ses adversaires de s’introduire dans les charges publiques. D’ailleurs, les trois personnages qui avaient fait cause commune devaient craindre l’ambition et l’ingratitude des hommes qu’ils avaient élevés, et qui bientôt voudraient devenir leurs égaux. Enfin un dernier danger, et peut-être le plus sérieux, c’était l’impatience et l’indiscipline du parti démocratique, dont ils étaient les chefs.

En présence de ces périls, les triumvirs s’entendirent afin de faire arriver au consulat, pour l’année suivante, L. Pison, beau-père de César, et A. Gabinius, partisan dévoué de Pompée. Ils furent, en effet, désignés consuls le 18 octobre, malgré les efforts des grands et l’accusation de Caton contre Gabinius.

À la fin de l’année 695, César et Bibulus cessèrent leurs fonctions. Ce dernier, en exposant sa conduite, selon l’usage, entreprit de peindre sous les plus noires couleurs l’état de la République ; mais Clodius l’empêcha de parler[2]. Quant à César, ses prévisions sur les attaques auxquelles il allait être en butte n’étaient que trop fondées, car à peine était-il sorti de charge que le préteur L. Domitius Ahenobarbus et C. Memmius, amis de Cicéron[3], proposaient au sénat de le poursuivre à raison des actes de son consulat, et surtout

  1. « Il (Arioviste) sait, par des messagers, qu’en faisant périr César il plairait à plusieurs des grands de Rome ; sa mort lui vaudrait leur faveur et leur amitié. » (César, Guerre des Gaules, I, xliv.)
  2. Dion-Cassius, XXXVIII, xii.
  3. Cicéron, Lettres à Quintus, I, ii.