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vie ainsi qu’à celle de Pompée. On trouva sur lui un poignard, et, interrogé devant le sénat, il dénonça, comme instigateurs de son crime, le jeune Curion, Cæpion, Brutus, Lentulus, Caton, Lucullus, Pison, gendre de Cicéron, Cicéron lui-même, M. Laterensis et d’autres encore ; il nomma aussi Bibulus, ce qui ôta toute vraisemblance à ses dénonciations, Bibulus ayant déjà fait avertir Pompée de se tenir sur ses gardes[1]. Les historiens, tels que Dion-Cassius, Appien, Plutarque, traitent sérieusement ce complot ; le premier soutient formellement que Cicéron et Lucullus avaient armé le bras de l’assassin. Suétone, au contraire, reproche à César d’avoir suborné Vettius afin de jeter le blâme sur ses adversaires.

En présence de ces renseignements contradictoires, le mieux est, comme dans les procès ordinaires, de juger de la valeur de l’accusation d’après les antécédents de ceux que l’on accuse. Or Cicéron, malgré sa mobilité, était trop honnête pour tremper dans un complot d’assassinat, et César avait le caractère trop élevé, il avait trop la conscience de sa force pour s’abaisser jusqu’à chercher dans une misérable intrigue le moyen d’accroître son influence. Un sénatus-consulte fit mettre Vettius en prison ; mais César, intéressé et résolu à la manifestation de la vérité, appela l’affaire devant le peuple et força Vettius de monter à la tribune aux harangues. Celui-ci, par une versatilité suspecte, dénonça ceux qu’il avait déchargés la veille et déchargea ceux qu’il avait dénoncés, entre autres Brutus. À l’égard de ce dernier, on disait que ce changement était dû à la liaison de César avec sa mère. Reconduit en prison, Vettius fut trouvé mort le lendemain. Cicéron accusa Vatinius de l’avoir fait tuer[2] ; mais, suivant d’autres, les véri-

  1. Cicéron, Lettres à Atticus, II, xxiv.
  2. Cicéron, Discours contre Vatinius, xi. — Dion-Cassius, XXXVIII, ix.