Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bibulus, gendre de Caton, publiait des édits contenant les plus grossières attaques ; il renouvelait les accusations de complots contre la République, et de prétendus rapports honteux avec Nicomède[1]. On accourait lire et copier ces placards injurieux. Cicéron les envoyait avec bonheur à Atticus[2]. Aussi le parti auquel appartenait Bibulus le portait aux nues et faisait de lui un grand homme[3]. Son opposition, cependant, n’avait réussi qu’à retarder les comices consulaires jusqu’au mois d’octobre. Cette prorogation était faite dans l’espoir de contrarier l’élection des consuls dévoués aux triumvirs. César, à cette occasion, l’attaqua dans un violent discours, et Vatinius proposa de l’arrêter. Pompée, de son côté, ému de diatribes auxquelles il n’était pas accoutumé, se plaignit devant le peuple de l’animosité dont il était l’objet ; mais son discours paraît n’avoir pas eu beaucoup de succès.

Il est triste de voir l’accomplissement de grandes choses entravé souvent par les petites passions d’hommes à courte vue, qui ne connaissent le monde que dans le cercle étroit

    ne te retient, ni les lois, ni les mœurs, » etc. ont été accueillis par des acclamations frénétiques. À son arrivée, César ne trouva qu’un accueil glacé. Curion, qui le suivit, fut au contraire salué de mille bravos, comme autrefois Pompée aux temps heureux de la République. César était outré, et vite il a, dit-on, dépêché un courrier à Pompée, qui est à Capoue. » (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xix.)

  1. Suétone, César, ix.
  2. Cicéron, Lettres à Atticus, II, xix.
  3. « On porte aux nues Bibulus, je ne sais trop pourquoi ; mais enfin on l’exalte comme l’homme unique qui, en temporisant, a rétabli les affaires. Pompée, mon idole, Pompée, sur qui je pleure aujourd’hui, s’est lui-même abîmé ; il n’a plus personne qui tienne à lui par dévouement ; je crains bien que la terreur ne leur paraisse une conseillère indispensable ; pour moi, d’un côté, je m’abstiens de les combattre à cause de mon ancienne amitié, et, de l’autre, mon passé me défend d’approuver ce qu’ils font ; je garde un juste milieu. Les dispositions du peuple se manifestent surtout dans les théâtres. » (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xix, xx, xxi.)