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Pendant son premier consulat, César promulgua un grand nombre de lois, dont la plupart ne sont pas arrivées jusqu’à nous. Cependant il nous est resté des fragments précieux des plus importantes, entre autres, les modifications aux prérogatives sacerdotales. Le tribun Labienus, nous l’avons déjà vu, pour faire parvenir César à la dignité de grand pontife, avait rendu à dix-sept tribus tirées au sort le droit d’élection. Quoique cette loi semblât autoriser les absents à briguer le sacerdoce, le peuple et les pontifes contestaient ce droit à ceux qui ne venaient pas solliciter la dignité en personne. De là des altercations et des troubles continuels. Pour y remédier, César, tout en confirmant l’acte de Labienus, fit déclarer admissibles comme candidats au sacerdoce, non-seulement les postulants présents, mais encore tous les absents ayant un titre quelconque à cet honneur[1].

Il se préoccupa ensuite des provinces, dont le sort avait toujours excité sa sympathie. La loi destinée à réformer les vices de l’administration (De provinciis ordinandis) n’a pas de date certaine ; elle porte le même titre que celle de Sylla et s’en rapproche beaucoup. Ses prescriptions garantissaient les habitants contre la violence, l’arbitraire, la corruption des proconsuls et des propréteurs, et fixaient les allocations auxquelles ceux-ci avaient droit[2]. Elle affranchissait de la dépendance des gouverneurs les États libres, liberæ civitates, et les autorisait à se régir par leurs propres lois et leurs propres magistrats[3]. Aussi Cicéron considérait-il cette me-

  1. « Je pense tout à fait que les titres des candidats absents aux sacerdoces peuvent être examinés par les comices, car cela a déjà eu lieu précédemment. C. Marius, étant en Cappadoce, fut fait augure d’après la loi Domitia, et aucune autre loi n’a interdit d’en user ainsi plus tard ; car dans la loi Julia, la dernière sur les sacerdoces, il est dit : Celui qui demande ou celui dont les titres sont examinés. » (Cicéron, Lettres à Brutus, I, v.)
  2. Cicéron, Discours contre Pison, xxxvii.
  3. Cicéron, Discours sur les provinces consulaires, iv ; — Discours contre Pison, xvi.