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« Personne, dit Dion-Cassius[1], n’eut à se plaindre de lui à ce sujet. La population de Rome, dont l’accroissement excessif avait été le principal aliment des séditions, fut appelée au travail et à la vie de la campagne ; la plupart des contrées de l’Italie qui avaient perdu leurs habitants furent repeuplées. Cette loi assurait des moyens d’existence non-seulement à ceux qui avaient supporté les fatigues de la guerre, mais encore à tous les autres citoyens, sans causer de dépenses à l’État ni de dommage aux grands ; au contraire, elle donnait à plusieurs des honneurs et du pouvoir. »

Ainsi, pendant que quelques historiens accusent César de chercher dans la populace de Rome le point d’appui de ses desseins ambitieux, lui, au contraire, provoque une mesure dont l’effet est de transporter dans les campagnes la partie turbulente des habitants de la capitale.

César lut donc son projet au sénat ; puis, appelant les sénateurs par leurs noms, les uns après les autres, il demanda à chacun son opinion, se déclarant prêt à modifier la loi ou à la retirer même, si elle ne leur convenait pas. Mais, suivant Dion-Cassius, « elle était inattaquable, et, si on ne l’approuvait pas, on n’osait cependant pas la combattre ; ce qui affligeait le plus les opposants, c’est qu’elle était rédigée de manière à ne susciter aucune plainte[2]. » Aussi se borna-t-on à l’ajourner à plusieurs reprises, sous de frivoles prétextes. Caton, sans y faire une opposition directe, alléguait la nécessité de ne rien changer à la constitution de la République et se déclarait l’adversaire de toute espèce d’innovation ; mais, le moment venu de se prononcer, il renouvela son ancienne tactique, et rendit toute délibération impossible en parlant la journée entière, ce qui

  1. Dion-Cassius, XXXVIII, i.
  2. Dion-Cassius, XXXVIII. ii.