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sence des sénateurs, de mettre un terme à des dissentiments dont les effets, déjà si regrettables pendant leur édilité et leur préture communes, deviendraient funestes dans leur nouvelle position[1]. Il fait des avances à Cicéron, et, après lui avoir envoyé, dans sa villa d’Antium, Cornelius Balbus pour l’assurer qu’il est prêt à suivre ses conseils et ceux de Pompée, il lui propose de l’associer à ses travaux[2].

César devait croire que ces offres de coopération seraient accueillies. Devant les périls d’une société profondément troublée, il supposait aux autres les sentiments qui l’animaient lui-même. L’amour du bien public, la conscience de s’y dévouer tout entier, lui donnaient dans le patriotisme d’autrui cette confiance sans réserve qui n’admet ni les rivalités mesquines, ni les calculs de l’égoïsme : il se trompait. Le sénat n’avait que des préjugés, Bibulus que des rancunes, Cicéron qu’un faux amour-propre.

Il était essentiel pour César d’unir plus étroitement à ses destinées Pompée, dont le caractère manquait de fermeté ; il lui donna en mariage sa fille Julie, jeune femme de vingt-trois ans, remplie de grâces et d’intelligence, déjà fiancée à Servilius Cæpion. Afin de dédommager ce dernier, Pompée lui promit sa propre fille, engagée, elle aussi, à un autre, à Faustus, fils de Sylla. Peu de temps après, César épousa Calpurnie, fille de Lucius Pison[3]. Caton s’élevait avec force contre ces mariages, qu’il qualifiait de trafics honteux de la chose publique[4]. Les nobles, et surtout les deux Curion, se faisaient les échos de cette réprobation. Leur parti, cependant, ne négligeait pas de se fortifier par des

  1. Appien, Guerres civiles, II, x.
  2. Cicéron, Lettres à Atticus, II, iii. Consul, il voulait que je prisse part aux opérations de son consulat. – « Sans les approuver, je dus cependant lui savoir gré de sa déférence. » (Discours sur les provinces consulaires, xvii.)
  3. Plutarque, César, xiv. — Suétone, César, xxi.
  4. Plutarque, César, xiv.