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Les Romains aimaient à tout représenter par des signes extérieurs ; ainsi Numa, pour mieux constater l’état de paix ou de guerre, fit élever à Janus un temple, ouvert pendant la guerre, fermé pendant la paix ; et, chose remarquable, ce temple ne fut fermé que trois fois en sept cents ans[1] !


Résultats obtenus par la royauté.

V. D’après ce qui précède, on peut se convaincre que la République romaine[2] avait déjà acquis sous les rois une forte organisation[3]. Son esprit conquérant débordait au delà de ses étroites limites. Les petits États du Latium qui l’entouraient avaient peut-être des hommes aussi éclairés, des citoyens aussi courageux, mais il n’existait certainement pas chez eux, au même degré qu’à Rome, le génie de la guerre, l’amour de la patrie, la foi dans de hautes destinées, la conviction d’une supériorité incontestable, mobiles puissants inculqués avec persévérance par de grands hommes pendant deux cent quarante-quatre ans.

La société romaine était fondée sur le respect de la fa-

    fit bâtir deux temples à la Fortune, qui semblait lui avoir été favorable pendant toute sa vie, l’un dans le marché aux bœufs, l’autre sur le bord du Tibre, et il lui donna le surnom de virile, qu’elle a conservé jusqu’aujourd’hui chez les Romains. » (Denys d’Halicarnasse, IV, xxvii.)

  1. « Le temple de Janus a été fermé deux fois depuis le règne de Numa : la première, par le consul Titus Manlius, à la fin de la première guerre punique ; la seconde, quand les dieux ont accordé à notre siècle de voir, après la bataille d’Actium, César-Auguste Imperator donner la paix à l’univers. » (Tite-Live, I, xix.) — Et Plutarque dit, dans la Vie de Numa, xxiv : « Néanmoins ce temple fut fermé après la victoire de César-Auguste sur Antoine, et il l’avait été auparavant sous le consulat de Marcus Atilius et de Titus Manlius, peu de temps il est vrai ; on le rouvrit presque aussitôt, parce qu’il survint une guerre nouvelle. Mais, sous le règne de Numa, on ne le vit pas ouvert un seul jour. »
  2. Nous employons à dessein le mot république, parce que tous les anciens auteurs ont donné ce nom à l’État, sous les rois comme sous les empereurs. Ce n’est qu’en traduisant fidèlement les dénominations qu’on peut se faire une idée exacte des sociétés anciennes.
  3. « On reconnaît combien la République dut à chacun de nos rois d’institutions bonnes et utiles. » (Cicéron, De la République, II, xxi.)