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Les comices par centuries furent chargés de l’élection des magistrats, mais les comices par curies, étant la forme primitive de l’assemblée patricienne, continuèrent à statuer sur les affaires religieuses et militaires les plus importantes, et restèrent en possession de tout ce qui n’avait pas été formellement attribué aux centuries. Solon opérait, vers la même époque, à Athènes, une révolution semblable, de sorte que les deux villes les plus fameuses du monde ancien prenaient en même temps, comme base du droit de suffrage, non plus la naissance, mais la fortune.

Servius Tullius promulgua un grand nombre de lois favo-

    Plutarque, s’appliquent à tous les hommes en état de porter les armes, c’est-à-dire, suivant l’organisation de Servius Tullius, à ceux de dix-sept à soixante ans. Cette catégorie formait en effet les véritables citoyens romains. Au-dessous de dix-sept ans, on était trop jeune pour compter dans l’État ; au-dessus de soixante, on était trop vieux.

    On sait que les vieillards sexagénaires étaient appelés depontani, parce qu’on leur interdisait les ponts qu’il fallait passer pour aller voter. (Festus, au mot Sexagenarius, p. 334. — Cicéron, Discours pour S. Roscius Amerinus, xxxv.)

    80 000 hommes en état de porter les armes représentent, suivant la statistique actuelle, les cinquante-cinq centièmes de la partie mâle de la population, soit 145 000 hommes, et, pour les deux sexes, en les supposant égaux en nombre, 290 000 âmes. En effet, en France, sur 100 habitants, il y en a 33 n’ayant pas dépassé l’âge de dix-sept ans, 55 âgés de dix-sept à soixante ans, et 10 âgés de plus de soixante ans.

    À l’appui du calcul ci-dessus, Denys d’Halicarnasse rapporte qu’en 247 de Rome on fit une souscription en l’honneur d’Horatius Coclès : 300 000 personnes, hommes et femmes, donnèrent la valeur de ce que chacun pouvait dépenser en un jour pour sa nourriture. (V, xxv.)

    Quant au nombre des esclaves, nous trouvons dans un autre passage de Denys d’Halicarnasse (IX, xxv) que les femmes, les enfants, les esclaves, les marchands et les artisans s’élevaient à un chiffre triple de celui des citoyens.

    Si donc le nombre des citoyens en état de porter les armes était de 80 000, le reste de la population égalant trois fois ce chiffre, on aura pour la population totale 4 × 80 000 = 320 000 âmes, et, en retranchant de ce chiffre les 290 000 obtenus plus haut, il restera 30 000 pour les esclaves et les artisans.

    Quelle que soit la proportion admise entre ces deux dernières classes, il en résultera toujours que les esclaves étaient alors peu nombreux.