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danger[1]. Les centuries de chevaliers, qui formaient la cavalerie, recrutées parmi les plus riches citoyens, tendaient à introduire dans la noblesse un ordre à part[2] ; ce que prouve l’importance du chef appelé à les commander. En effet, le chef des celeres était, après le roi, le premier magistrat de la cité, comme plus tard, sous la république, le magister equitum devint le lieutenant du dictateur.

Le premier recensement de Servius Tullius donna un effectif de quatre-vingt mille hommes en état de porter les armes[3], ce qui équivaut à deux cent quatre-vingt-dix mille personnes des deux sexes, auxquelles on pourrait ajouter, suivant des conjectures, d’ailleurs assez vagues, quinze mille artisans, marchands ou indigents privés du droit de citoyen, et quinze mille esclaves[4].

  1. Tite-Live ne parle que de cent quatre-vingt-douze centuries ; Denys d’Halicarnasse en compte cent quatre-vingt-treize. « Dans la plèbe romaine, les citoyens les plus pauvres, ceux qui ne déclaraient pas au cens plus de quinze cents as, furent appelés prolétaires ; on appelait capite censi ceux dont l’avoir ne dépassait pas trois cent soixante et quinze as, et qui ne possédaient ainsi presque rien. Or, la fortune et le patrimoine du citoyen étant pour l’État une sorte de garantie, le gage et, le fondement de l’amour de la patrie, on n’enrôlait les gens des deux dernières classes que dans un extrême danger. Toutefois la position des prolétaires était un peu plus honorable que celle des capite censi : dans les temps difficiles, la jeunesse venait-elle à manquer, on les incorporait dans une milice formée à la hâte, et on les équipait aux frais de l’État : leur nom ne faisait pas allusion à leur simple recensement par tête ; moins humiliant, il rappelait leur destination de donner des enfants à la patrie. L’exiguïté de leur patrimoine ne leur permettant pas de venir en aide à l’État, ils contribuaient du moins à peupler la cité. » (Aulu-Gelle, XVI, x.)
  2. « Tarquin l’Ancien donna ensuite aux chevaliers l’organisation qu’ils ont conservée jusqu’aujourd’hui. » (Cicéron, De la République, II, xx.)
  3. « On dit que le nombre des citoyens inscrits à ce titre fut de 80 000. Fabius Pictor, le plus ancien de nos historiens, ajoute que ce nombre ne comprend que les citoyens en état de porter les armes. » (Tite-Live, I, xliv.)
  4. Les recensements de la population fournis par les anciens historiens ont été diversement expliqués. Les chiffres donnés désignaient-ils tous les citoyens, ou seulement les chefs de famille, ou bien ceux qui avaient atteint l’âge de puberté ? À mon avis, ces chiffres, dans Tite-Live, Denys d’Halicarnasse et