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nie, l’Asie, et renfermer Mithridate dans les limites de ses anciennes possessions ; il avait, le premier des Romains, reçu une ambassade du roi des Parthes[1]. Il se plaignait des violences exercées contre les siens et contre sa femme, qui était accourue, avec une foule de fugitifs, chercher un asile dans son camp[2]. Il ajoutait, sans vaines menaces, son intention de rétablir l’ordre par la force des armes ; mais il promettait de ne point revenir sur la grande mesure de l’émancipation de l’Italie, et terminait en déclarant que les bons citoyens, les nouveaux comme les anciens, n’avaient rien à craindre de lui.

Cette lettre, que le sénat osa recevoir, redoubla la fureur des hommes qui avaient succédé à Marius. Le sang coula encore. Cinna, qui pour la quatrième fois se faisait réélire consul, et Cn. Papirius Carbon, son collègue, réunissant à la hâte des troupes nombreuses, mais mal disciplinées, se disposèrent à faire tête de leur mieux à la tempête qui s’approchait. Persuadé que Sylla longerait l’Adriatique pour envahir l’Italie du côté du nord, Cinna avait rassemblé près d’Ancône une armée considérable, avec le dessein de le surprendre au milieu de sa marche, en l’attaquant soit en Épire, soit en Illyrie. Mais ses soldats, Italiotes en grande partie, rassurés par les promesses de Sylla, d’ailleurs pleins de mépris pour leur général, disaient hautement qu’ils ne passeraient pas la mer. Cinna voulut faire un exemple des plus mutins. Une révolte éclata, et il fut massacré. Pour éviter un pareil sort, Carbon, qui vint prendre le commandement, s’empressa de promettre aux rebelles qu’ils ne quitteraient pas l’Italie.

Sylla débarqua à Brindes en 671, à la tête d’une armée de quarante mille hommes, composée de cinq légions, de six

  1. Plutarque, Sylla, vi.
  2. Appien, Guerres civiles, I, ix, 77.