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La marine n’était pas moins imposante. La Phénicie comptait des ports nombreux et des arsenaux bien approvisionnés : tels étaient Aradus (Ruad), Berytus (Beyrouth), Tyr (Sour). Cette dernière ville se relevait peu à peu de sa décadence. Il en était de même de Sidon (Saïda), qu’Antiochus III, dans sa guerre avec Ptolémée, n’osa pas attaquer à cause de ses soldats, de ses approvisionnements et de sa population[1]. La plupart des villes phéniciennes jouissaient d’ailleurs, sous les Séleucides, d’une certaine autonomie favorable à leur industrie. Dans la Syrie, Séleucie, qu’Antiochus le Grand reprit aux Égyptiens, était devenue le premier port du royaume sur la Méditerranée[2]. Laodicée faisait un commerce actif avec Alexandrie[3]. Maîtres des côtes de la Cilicie et de la Pamphylie, les rois de Syrie en tiraient de nombreux bois de construction que le flottage des fleuves amenait des montagnes[4]. Réunissant ainsi leurs vaisseaux à ceux des Phéniciens, les Séleucides lançaient sur la Méditerranée des armées considérables[5].

Le commerce lointain occupait aussi de nombreux navires marchands ; la Méditerranée, comme l’Euphrate, était sillonnée par des barques qui apportaient ou exportaient des

  1. Polybe, V, lxx.
  2. Tite-Live, XXXIII, xli. — Polybe, V, lix. — Strabon, XVI, ii, 639, 640.
  3. Strabon, XVI, ii, 640.
  4. Strabon, XIV, v, 571, 572.
  5. En 558, Antiochus mit en mer cent vaisseaux couverts et deux cents bâtiments légers. (Tite-Live, XXXIII, xix.) C’est la plus grande flotte syrienne dont il soit fait mention dans ces guerres. Au combat de Myonnèse, la flotte commandée par Polyxénide se composait de quatre-vingt-dix navires pontés (574). (Appien, Guerres de Syrie, xxvii.) En 563, avant la lutte suprême contre les Romains, ce prince avait quarante vaisseaux pontés, soixante non pontés et deux cents bâtiments de transport. (Tite-Live, XXXV, xliii.) Enfin, l’année suivante, un peu avant la bataille de Magnésie, Antiochus possédait, non compris la flotte phénicienne, cent vaisseaux de moyenne grandeur, dont soixante et dix pontés. (Tite-Live, XXXVI, xliii ; XXXVII, viii.) Cette marine fut détruite par les Romains.