Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sées des Romains envers Eumène II, s’accrut sans cesse jusqu’au moment où il tomba sous leur suzeraineté. À ce royaume se rattachèrent la Mysie, les deux Phrygies, la Lycaonie, la Lydie. Cette dernière province, traversée par le Pactole, avait pour capitale Éphèse, métropole de la confédération ionienne, à la fois le premier entrepôt du commerce de l’Asie Mineure et une des localités où les beaux-arts étaient cultivés avec le plus d’éclat. Cette ville avait deux ports : l’un se prolongeait jusqu’au centre de son enceinte ; l’autre formait un bassin au milieu même du marché public[1]. Le théâtre d’Éphèse, le plus grand qui ait jamais été bâti, avait 660 pieds de diamètre et pouvait contenir plus de 60 000 spectateurs. Les artistes les plus célèbres, Scopas, Praxitèle, etc. travaillèrent à Éphèse pour le grand temple de Diane. Ce monument, dont la construction dura deux cent vingt ans, était entouré de 128 colonnes, hautes chacune de 60 pieds, présents d’autant de rois. Pergame, capitale du royaume, passait pour une des plus belles cités de l’Asie, longe clarissimum Asiæ Pergamum, dit Pline[2] ; le port d’Élée renfermait des arsenaux maritimes et pouvait armer de nombreux vaisseaux[3]. Défendue par deux torrents, l’acropole de Pergame, citadelle inaccessible, était la résidence des Attalides ; ces princes, zélés protecteurs des sciences et des arts, avaient fondé dans leur capitale une bibliothèque de 200 000 volumes[4]. Pergame faisait un vaste trafic ; ses céréales s’exportaient, en grande quan-

  1. Falkener, Ephesus ; London, 1862.
  2. Histoire naturelle, V, xxx, 126.
  3. C’est de là qu’on voit partir les flottes des rois de Pergame. (Tite-Live, XXXVIII, xl, 13 ; XLIV, xxviii.)
  4. Le nom de Pergame, dans nos langues modernes, s’est conservé dans le mot parchemin (pergamena), par lequel on désigna la peau qui se prépara dans cette ville, en guise de papier, après que les Ptolémées eurent prohibé la sortie du papyrus égyptien.