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delà de l’époque romaine, et, dès une haute antiquité, c’était en Vénétie que parvenait l’ambre des bords de la Baltique[1]. Tout le trafic qui se concentra plus tard à Aquilée, fondée par les Romains après la soumission des Vénètes, avait alors pour centre les villes de la Vénétie, et les colonies nombreuses établies par les Romains dans cette partie de la presqu’île prouvent ses immenses ressources. D’ailleurs, les Vénètes, occupés à cultiver leurs terres et à élever leurs chevaux, avaient des mœurs pacifiques qui facilitaient les relations commerciales et contrastaient avec les habitudes de brigandage des populations répandues sur les côtes nord et nord-est de l’Adriatique.

Les Istriens, les Liburnes et les Illyriens étaient des nations plus redoutables par leurs corsaires que par leurs armées ; leurs barques légères et rapides couvraient l’Adriatique et entravaient la navigation entre l’Italie et la Grèce. En l’an 524, les Illyriens mettaient à la mer cent lembi[2], tandis que leur armée de terre ne comptait guère plus de 5 000 hommes[3]. L’Illyrie était pauvre et n’offrit que peu de ressources aux Romains, malgré la fertilité du sol. L’agriculture y était négligée, même au temps de Strabon. L’Istrie renfermait une population beaucoup plus considérable, eu égard à son étendue[4]. Cependant, pas plus que la Dalmatie et le reste de l’Illyrie, elle n’avait atteint, à l’époque qui nous occupe, ce haut degré de prospérité qu’elle acquit plus tard par la fondation de Tergeste (Trieste) et de Pola. La conquête romaine délivra l’Adriatique des pirates qui l’infestaient[5], et alors seulement les

  1. Pline, Histoire naturelle, XXXVII, iii, § 43.
  2. Petits bâtiments, fins voiliers et bons marcheurs, excellents pour la piraterie, aussi appelés liburnes, du nom du peuple qui les employait.
  3. Polybe, II, v.
  4. Tite-Live, XLI, ii, iv, xi.
  5. Polybe, II, viii.