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étaient, par leur contact avec les Étrusques, parvenues à un certain degré de civilisation. Le nombre des villes dans cette contrée n’était pas fort considérable, mais on y comptait beaucoup de bourgades[1]. Adonnés à l’agriculture comme les autres Gaulois, les Cisalpins élevaient dans leurs forêts des troupeaux de porcs en telle quantité, qu’ils auraient suffi, au temps de Strabon, à l’alimentation de Rome[2]. Les monnaies d’or pur que l’on a, dans ces derniers temps, découvertes dans la Gaule cisalpine, surtout entre le Pô et l’Adda, et qui portent le type des Boïens et de quelques populations ligures, témoignent de l’abondance de ce métal, qui se recueillait en paillettes dans les eaux des fleuves[3]. De plus, certaines villes d’origine étrusque, telles que Mantoue (Mantua), Padoue (Patavium), conservaient des vestiges de la prospérité qu’elles avaient atteinte au temps où les peuples de la Toscane étendaient leur domination jusqu’au delà du Pô. À la fois ville maritime et place de commerce, Padoue, à une époque reculée, possédait un vaste territoire et pouvait mettre sur pied 120 000 hommes[4]. Les transports des denrées étaient rendus faciles au moyen de canaux traversant la Vénétie, creusés en partie par les Étrusques. Tels étaient notamment ceux qui joignaient Ravenne à Altinum (Altino), devenu plus tard le grand entrepôt de la Cisalpine[5].

Les relations commerciales entretenues par la Vénétie avec la Germanie, l’Illyrie, la Rhétie, remontaient bien au

  1. Voy. Strabon, V, i, 179, 180.
  2. Strabon, V, i, 181.
  3. L’or était aussi, originairement, très-abondant dans la Gaule ; mais les mines d’où il était extrait, les rivières qui le charriaient, durent s’épuiser promptement, car le titre des monnaies d’or gauloises s’abaisse d’autant plus que l’époque de leur fabrication se rapproche davantage de la conquête romaine.
  4. Strabon, V, i, 177. — Tite-Live, X, ii.
  5. Pline, Histoire naturelle, III, xvi, 119. — Martial, Épigr. IV, xxv. — Itinéraire d’Antonin, 126.