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par les navires phéniciens ou carthaginois, était moins favorisée. On voit cependant, par le passage de Polybe[1] qui énumère les denrées de cette province avec leurs prix, que les produits de l’agriculture y étaient très-abondants[2].

La prospérité de l’Espagne ressort d’ailleurs du chiffre élevé de sa population. Selon quelques auteurs, Tiberius Gracchus aurait pris aux Celtibères trois cents oppida. Dans la Turdétanie (partie de l’Andalousie), Strabon ne compte pas moins de deux cents villes[3]. L’historien des guerres d’Espagne, Appien, signale la multitude des peuplades que les Romains eurent à soumettre[4], et pen-

  1. Polybe, XXXIV, Fragm. 8.
  2. Le médimne d’orge (52 litres) se vendait 1 drachme (0 fr. 97 cent.) ; le médimne de froment, 9 oboles (environ 1 fr. 45 cent.). (Les 52 litres valent en moyenne, en France, 10 fr.) Un métrétès de vin (39 litres) valait 1 drachme (0 fr. 97 cent.) ; un lièvre, 1 obole (0 fr. 16 cent.) ; une chèvre, 1 obole (0 fr. 16 cent.) ; un agneau, de 3 à 4 oboles (0 fr. 50 cent. à 0 fr. 60 cent.) ; un porc de 100 livres, 5 drachmes (4 fr. 85 cent.) ; une brebis, 2 drachmes (1 fr. 95 cent.) ; un bœuf d’attelage, 10 drachmes (9 fr. 70 cent.) ; un veau, 5 drachmes (4 fr. 85 cent.) ; un talent (26 kilogr.) de figues, 3 oboles (0 fr. 45 cent.)
  3. Strabon, III, ii, 116.
  4. Appien, Guerres d’Espagne, i, 102. — Pompée, dans les trophées qu’il s’était fait élever sur la côte de la Catalogne, affirmait avoir soumis huit cent soixante et dix-sept oppida. (Pline, Histoire naturelle, III, iii, 18.) Pline en comptait deux cent quatre-vingt-treize dans l’Espagne citérieure, et cent soixante et dix-neuf dans la Bétique. (Histoire naturelle, III, iii, 18.) — On peut d’ailleurs apprécier le nombre des habitants par le calcul des troupes levées pour résister aux Scipions. En additionnant les chiffres fournis par les auteurs, on arrive au total effrayant de 317 700 hommes tués ou faits prisonniers. (Tite-Live, XXX et suiv.) En 548, on voit deux nations de l’Espagne, les Hergètes et les Ausétans, réunies à quelques petites peuplades, mettre sur pied 30 000 fantassins et 4 000 chevaux. (Tite-Live, XXIX, i.) On en remarque quinze à vingt autres dont les forces sont égales ou supérieures. Après la bataille de Zama, l’Espagne fournit à Asdrubal 50 000 hommes de pied et 4 500 chevaux. (Tite-Live, XXVIII, xii, xiii.) Caton n’a pas plutôt paru avec sa flotte en face d’Emporiæ qu’une armée de 40 000 Espagnols, qui ne pouvaient s’être rassemblés que dans le pays environnant, est déjà prête à le repousser. (Appien, Guerres d’Espagne, xl, 147.) Dans la Lusitanie même, pays beaucoup moins peuplé, on voit Servius Galba et Lucullus tuer aux Lusi-