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sommes considérables[1]. L’abondance des métaux en Espagne explique comment se trouvait chez plusieurs des chefs ou petits rois des nations ibères un si grand nombre de vases d’or et d’argent. Polybe compare l’un d’eux, pour son luxe, au roi des fabuleux Phéaciens[2].

Au nord et au centre de la Péninsule, l’agriculture et l’élève des bestiaux étaient la principale source de richesse. C’est là que se fabriquaient les saies, vêtements de laine ou de poil de chèvre, qui s’exportaient en grand nombre en Italie[3]. Dans la Tarraconaise, la culture du lin était très-productive ; les habitants avaient été les premiers à tisser ces toiles si fines appelées carbasa et qu’on recherchait jusqu’en Grèce[4]. Le cuir, le miel, le sel, étaient apportés par cargaisons dans les principaux ports de la côte : à Emporiæ (Empurias), établissement des Phocéens dans la Catalogne ; à Sagonte[5], fondée par des Grecs venus de l’île de Zacynthe ; à Tarraco (Tarragone), un des plus anciens établissements des Phéniciens en Espagne ; à Malaca (Malaga), d’où s’exportaient toutes sortes de salaisons[6]. La Lusitanie, négligée

  1. 767 695 livres d’argent et 10 918 livres d’or, sans compter ce que fournirent certaines impositions partielles, parfois fort élevées, comme celles de Marcolica, 1 million de sesterces (230 000 fr.), et de Certima, 2 400 000 sesterces (550 000 fr.). (Voy. les livres XXVIII à XLVI de Tite-Live.) Telles étaient les ressources de l’Espagne, même dans les moindres localités, qu’en 602 C. Marcellus imposait à une petite ville des Celtibères (Ocilis) une contribution de trente talents d’argent (environ 174 600 fr.), et cette contribution était regardée par les cités voisines comme des plus modérées. (Appien, Guerres d’Espagne, xlviii, 158, édit. Schweighæuser.) Posidonius, cité par Strabon (III, iv, 135), rapporte que M. Marcellus tira des Celtibères un tribut de six cents talents (environ 3 492 600 fr.).
  2. Peuple de la fable dont parle Homère. (Athénée, I, xxviii, 60, édit. Schweighæuser.)
  3. Diodore de Sicile, V, xxxiv, xxxv.
  4. Pline, Histoire naturelle, XIX, i, 10.
  5. À l’époque d’Annibal, cette ville était une des plus riches de la Péninsule. (Appien, Guerres d’Espagne, xii, 113.)
  6. Strabon, III, iv, 130.