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donner la démonstration scientifique. L’historien doit être plus qu’un peintre ; il doit, comme le géologue qui explique les phénomènes du globe, découvrir le secret de la transformation des sociétés.

Mais, en écrivant l’histoire, quel est le moyen d’arriver à la vérité ? C’est de suivre les règles de la logique. Tenons d’abord pour certain qu’un grand effet est toujours dû à une grande cause, jamais à une petite ; autrement dit, un accident, insignifiant en apparence, n’amène jamais de résultats importants sans une cause préexistante qui a permis que ce léger accident produisît un grand effet. L’étincelle n’allume un vaste incendie que si elle tombe sur des matières combustibles amassées d’avance. Montesquieu confirme ainsi cette pensée : « Ce n’est pas la fortune, dit-il, qui domine le monde… Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque monarchie, l’élèvent, la maintiennent ou la précipitent ; tous les accidents sont soumis à ces causes, et si le hasard d’une bataille, c’est-à-dire une cause particulière, a ruiné l’État, il y avait une cause générale qui faisait que cet État devait périr par une seule bataille ; en un mot, l’allure principale entraîne avec elle tous les accidents particuliers[1]. »

Si, pendant près de mille ans, les Romains sont toujours sortis triomphants des plus dures épreuves et des plus grands périls, c’est qu’il existait une cause générale qui les a tou-

  1. Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, xviii.