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TRENTE JANVIER, SAINTE ALDEGONDE.

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SAINTE ALDEGONDE, VIERGE ET ABBESSE DE MAUBEUGE

VII e ET VIII e SIÈCLE. — 736.

Invoquée contre les Cancers, Ulcères, Maux de seins, Gale, Blessures graves, Esquinancies, Fièvre, Mort subite, Possessions du démon, Maux d’yeux, Maux de tête, pour les enfants tardant à marcher, les Maladies des enfants.

Aldegonde naquit en Hainaut, au bourg de Coursolre, à trois lieues de la ville de Maubeuge, vers 630. Elle était fille de saint Walbert et de sainte Bertilie et avait pour sœur sainte Vaudru. Elle fit, pendant son enfance, de rapides progrès dans la science des saints, et ayant été honorée et consolée de plusieurs apparitions angéliques, elle choisit dès son jeune âge Notre Seigneur Jésus-Christ pour son époux. Néanmoins, elle fut vivement sollicitée par ses parents d’épouser un jeune prince de Bretagne, Eudo ; mais elle résista à toutes leurs instances. Après leur mort, Aldegonde pensait recouvrer toute sa liberté pour se vouer tout entière à son divin époux ; mais Eudo se mit de nouveau à la poursuivre de ses sollicitations et voulut bientôt la contraindre à l’épouser. Elle ne trouva d’autre salut que dans la fuite ; elle mit tant de célérité dans sa course qu’elle arriva à trois lieues de Coursolre, sur un coteau baigné par la Sambre ; comme elle était fort altérée, Dieu fit jaillir une belle fontaine dans ces lieux déserts. Sachant que le prince la poursuivait de nouveau, elle redoubla de courage et de vitesse pour lui échapper ; c’est alors qu’elle arriva sur le bord de la Sambre et ne sachant comment la passer, elle adressa à Dieu une courte et fervente prière et à l’instant deux anges la soutenant de chaque côté, elle passa la rivière à pied sec sous les yeux d’Eudo qui mit fin pour jamais à ses poursuites. Quelque temps après, saint Aubert et saint Amand qui se trouvaient au monastère d’Haumont, l’admirent à la profession religieuse ; puis elle se retira dans le bois de Malbodium (Maubeuge) et elle y fit construire un monastère sous la direction de saint Amand. Après avoir passé sa vie dans la sainteté la plus éminente et donné à ses soeurs les exemples les plus édifiants, par une faveur spéciale de Dieu, elle fut prévenue de l’époque de sa mort et quelque temps après, ayant été atteinte d’un cancer accompagné d’une fièvre très ardente, elle souffrit comme une vraie martyre jusqu’au dernier instant de sa vie. Les causes de sa mort ont donné lieu aux invocations contre les cancers, les ulcères, les maux de seins, les blessures graves, la fièvre. Ayant été avertie du moment de sa mort, il était tout naturel qu’on demandât à Dieu, par son intercession, d’obtenir la même faveur et par conséquent d’être préservée contre la mort subite. D’après l’abbé Berthoumieu (p. 36), depuis un temps immémorial on célèbre le jour de sa fête une messe dite de mort subite. Gomme anciennement, il y vient beaucoup de monde, et le prêtre revêt la chasuble qu’on dit avoir été façonnée par les mains de sainte Aldegonde. Dans plusieurs circonstances de sa vie où le diable essaya de la tenter, elle sut lui montrer qu’il n’avait aucune prise sur elle ; c’est dans cette résistance victorieuse à’ Aldegonde contre V esprit malin qu’il faut chercher le motif de l’invocation contre les possessions du démon. Le culte de sainte Aldegonde a toujours été très célèbre à Coursolre,