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tement qu’ils firent subir au délateur dissuada ses camarades de s’opposer à notre passage : ils se bornèrent à nous saluer respectueusement.

Le lendemain, nous quittâmes la route que nous avions suivie pour venir de Machang et nous nous dirigeâmes directement vers Hong-pou-so. Ce ne fut pas sans expédier un courrier au père Lu pour le prévenir de l’arrivée du père Leguilcher et lui donner rendez-vous dans ce dernier village. Nous arrivâmes de bonne heure à Tchang-sin, petit marché où régnait une animation extraordinaire. Nous y reçûmes le meilleur accueil et les autorités nous félicitèrent d’être revenus sains et saufs de Ta-ly.


FEMMES SAUVAGES À TCHANG-SIN.

Tchang-sin est situé à l’ouest et près de la ligne de faîte de la grande chaîne qui part du centre du Yun-nan pour venir mourir au confluent du Kin-cha kiang et du Pe-chouy kiang. Une sorte de foire se tenait dans le village et y groupait tous les montagnards des environs. On aurait pu composer de leurs types la gamme humaine la plus variée et la plus étrange, depuis l’escamoteur chinois, à l’œil intelligent et à la désinvolture agile, qui retenait autour de lui par ses lazzis et ses bons tours, un cercle nombreux de spectateurs jusqu’aux vieilles femmes sauvages, couronnées de feuillage et abreuvées d’eau-de-vie de vin, qui étaient venues vendre leurs étoffes de chanvre au marché. Nous eûmes, le jour suivant, le même spectacle à Can-tchou-tse, village placé sur le versant opposé de la chaîne, à