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La chasse est plutôt le partage des sauvages que des Laotiens, et ceux-ci sont loin de tirer parti des ressources giboyeuses de la contrée. Quelquefois, on se réunit en troupe nombreuse pour une battue dans la forêt et l’on réussit à abattre un cerf ou deux ; mais ces sortes de divertissements sont plus bruyants qu’utiles, et les filets dont se servent les Laotiens sont d’une efficacité plus grande que leurs fusils à pierre et leurs chasses à courre.

Le tigre est la terreur de toutes les populations indo-chinoises ; les grandes forêts et les cerfs innombrables de cette région favorisent sa multiplication et rendront sa destruction difficile. Les Siamois accordent la liberté à l’esclave qui réussit à tuer un de ces animaux ; un homme libre est exempt d’impôt et de service militaire ; un soldat acquiert un grade. Ces sortes d’exploits sont très-rares.


CHASSE AU CERF AU LAOS.

Il est peu ou point de professions au Laos. Chacun crée autour de soi de quoi subvenir à tous ses besoins, et, tour à tour agriculteur, pêcheur, charpentier, tisserand, teinturier, tailleur, se nourrit, se loge, s’habille et se transporte sans l’aide ou le secours de personne. Il y a quelques individus assez habiles dans l’art de ciseler les métaux ; ce sont eux qui fabriquent les bijoux, les vases et les boîtes en or et en argent qui figurent dans le mobilier des riches Laotiens. On fournit toujours la matière première aux ouvriers. Leur outillage, pour façonner le bois ou les métaux, est plus qu’insuffisant et relève certainement leur mérite. Pour sculpter le bois, ils n’ont que la pointe du gros couteau à large lame, qu’ils portent toujours à leur ceinture et qui leur sert à se frayer un passage dans la forêt, à couper le bois de leur cuisine, à construire leur maison, sans lequel, en un mot, ils ne pourraient rien faire. Ils fabriquent du fil de fer à l’enclume, et la patience de ces pauvres gens n’a d’égale que leur peu d’ingéniosité à se construire des outils plus commodes.