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à fixer, il faut, à tout prix sauver la littérature de l’immoralité.

Est-ce si difficile ? C’est un journaliste du boulevard qui se charge de répondre :

« Est-il si difficile qu’on le prétend, de savoir où commence pour un écrivain ce terrain suspect où il ne saurait s’aventurer sans déchoir ? Non. Il y a une probité littéraire qui éclate dans les œuvres aux regards du lecteur comme elle éclate dans la conscience même de l’homme de lettres. Toute la moralité de notre profession est dans cette probité[1]. Il y a des pages qu’un écrivain probe se refuse à écrire. Ce sont celles qui, faisant appel aux plus bas appétits de la bête humaine, lui apporteront un succès de mauvais

  1. M. Ernest Prévost, le distingué poète, insiste sur ce point dans un article publié par La Victoire (1er janvier 1923) :
    « Constatons donc — écrivains qui dissertons des choses de l’amour — que nous ne pouvons sérier nos lecteurs ou nos lectrices, que des jeunes gens, des jeunes filles nous lirons auxquels nous ne devons pas manquer de respect.
    « Si nous entrons dans des descriptions physiques ou passionnées, faisons-le avec un grand souci de pudeur et de ferveur. Ce sera de la vérité quand même, et ce sera de l’art aussi. L’amour — quand il est vif et sain — comporte toujours, même à l’heure des plus complets abandons, une part d’âme ; et cette part d’âme, si nous la possédons et savons l’exprimer, nous permettra de tout dire en délicatesse et en grâce, sans offenser. »