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et père de famille nombreuse, certes, la question des limites exactes que comporte la liberté de la plume est délicate, et je conviens volontiers qu’à plus d’un point de vue, il ne faut pas tracer ces limites trop étroitement. Il ne s’agit pas, pour la loi humaine et ses interprètes, de se tenir dans l’absolu, il leur faut bien tenir compte dans une large mesure, de l’état des mœurs, même des mœurs qu’on désirerait réformer, sous peine de rester impuissants ou même d’empirer le mal avec d’excellentes intentions ; ni rigorisme excessif contre d’inoffensives gauloiseries, ni accès moroses d’hypocrite « pudibonderie » comme dit M. Margueritte. Soit ! »

Mais vraiment, dans certains cas, le délit est flagrant, et les limites indiscutablement dépassées. Quand, par exemple, un auteur s’avise de peindre, en traits appuyés, tout ce qu’il a vu, tout ce qu’il est allé voir dans les lieux les plus infâmes ; quand il étale et fait abcéder sur la place publique des chancres qu’on soigne dans les chambres d’isolement des hôpitaux spéciaux, l’hésitation n’est pas possible. En dépit des prétendus droits invoqués, les droits de la morale subsistent, absolus, imprescriptibles, invaincus, évidents.

M. Théodore Ruyssen, professeur à l’Université de Bordeaux, défend la même thèse. Dans Le Progrès ci-