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Au milieu de ce vaste silence, Pausole s’apaisa peu à peu. La paix, comme le trouble, est contagieuse. Le calme et l’ombre du harem s’étendirent sur ses pensées.

Jetant les yeux sur sa toilette, il vit qu’elle était déplorable, et déjà son esprit se retrouvait assez libre pour lui conseiller de changer de vêtement.

Ce qu’il fit. Et non sans peine.

Car la blanchisseuse avait eu le temps de répandre par tout le palais le bruit que le Roi était revenu sans couronne, sans voix, sans raison ; qu’il avait failli l’étrangler ; qu’elle en était tombée malade deux jours plus tôt qu’à l’ordinaire. Aussi, le premier valet qui parut dans la fente d’une portière plissée, pour répondre à l’appel du Roi, y vint certes par curiosité au moins autant que par mépris de la mort, mais il défaillit de surprise quand il entendit Pausole, avec sa bonne voix si connue, demander « sa robe de chambre turque et son coffret à cigarettes ».


Le souverain de Tryphême, pour s’être sitôt ressaisi, avait fait ses réflexions.

Il ne suffisait pas de déclarer qu’on poursuivrait la blanche Aline. Et cela même était une décision