Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions. Les deux sexes élevés ensemble apprennent à se connaître l’un l’autre et sont ainsi moins exposés à se tromper cruellement plus tard. Lorsqu’il leur plaît d’aller au jeu, ils sont libres là comme ailleurs. Rien ne leur est défendu, hormis de se disputer. Ils se groupent comme ils le veulent, dans la cour comme au dortoir. Respectant les lois naturelles plutôt que les principes des hommes, nous n’enfermons pas les sens de nos élèves dans une contrainte artificielle où ils dévieraient fatalement, pour le plus grand dommage de leur santé fragile. Nous favorisons au contraire l’expansion des jeunesses précoces, convaincus qu’à retarder l’amour on ne fait que le rendre plus redoutable, et qu’à suppléer le plaisir par le rêve on accomplit de mauvaise besogne. Ce n’est pas là de l’éducation, au sens vraiment élevé du mot… »

Pausole interrompit le discours :

— Et quand ces enfants vous demandent conseil ?

— Sire, nous leur déconseillons les amitiés particulières, mais c’est pour leur présenter les amitiés multiples comme un meilleur emploi de leurs jeunes tendances. L’amour, l’amour exclusif d’une personne individuelle, l’amour enfin tel qu’on l’enseigne dans les classes de littérature des lycées