Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ce pauvre claquedent une maisonnette et une pension avec du tabac, du bon vin et deux ou trois fortes filles pour chauffer ses draps en décembre. Qu’on en donne autant aux douze gueux qu’il désignera de son plein gré. Je prends les frais de leur entretien sur ma cassette particulière, et s’ils font des enfants, je leur donnerai double rente. Enfin, qu’on réunisse tous les autres errants et qu’on remette à chacun d’eux une petite pièce d’or ; c’est mon don de joyeuse entrée dans ma bonne ville de Tryphême.

La foule poussa des acclamations.


Un autre orateur s’avança.

— Sire, dit-il, nous vous bénissons, nous, les gens du petit commerce, car vous nous laissez tranquilles, et nous vendons ce qu’il nous plaît sans patentes ni privilèges. Personne n’a le droit d’entrer chez nous de la part du gouvernement : nos allumettes, nos cigares et même nos cartes à jouer ne portent aucune estampille. Si l’acheteur méprise nos cravates, mais se sent du goût pour la vendeuse et le lui exprime sur-le-champ, nous pouvons fermer les yeux sur ce qui se passe dans l’arrière-boutique sans que l’État ouvre les siens dans un cas où personne ne réclame son appui. Si,