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d’une façon qu’il ne lui appartenait plus d’intervertir. Chaque soir, un visage nouveau, et pourtant connu, approuvé, peut-être même regretté depuis un an, venait poser sur les coussins des joues qu’un long désir faisait très précieuses. Et Pausole, délivré du soin de préparer la nuit suivante, goûtait plus volontiers encore une joie sans élaboration.

Les appartements des Reines occupaient, cela va sans dire, le palais royal presque entier. Ils étaient répartis selon les quatre saisons, dans un long bâtiment polychrome, où les mille stores de la façade flattaient au soleil comme un pavois de fête.

Deux pavillons, plus élevés d’un étage, flanquaient l’énorme édifice.

Dans l’un habitait le Roi lui-même. Dans l’autre délibérait le conseil de ses ministres. Pausole était obligé de passer par le harem pour présider le gouvernement.

Mieux vaut avouer sans détours que, parti du pavillon sud, il n’arrivait jamais jusqu’au pavillon nord.

Lui-même avait conçu cette architecture et prévu ce résultat. Puisque, disait-il, les meilleurs monarques ont été des reines luxurieuses qui laissaient