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opinions, de sa tenue et de ses actes, dans la limite de l’inoffensif. Les citoyens de l’Europe sont las de sentir à toute heure sur leur épaule la main d’une autorité qui se rend insupportable à force d’être toujours présente. Ils tolèrent encore que la loi leur parle au nom de l’intérêt public, mais lorsqu’elle entend prendre la défense de l’individu malgré lui et contre lui, lorsqu’elle régente sa vie intime, son mariage, son divorce, ses volontés dernières, ses lectures, ses spectacles, ses jeux et son costume, l’individu a le droit de demander à la loi pourquoi elle entre chez lui sans que personne l’ait invitée.

— Sire…

— Jamais je ne mettrai mes sujets dans le cas de me faire un tel reproche. Je leur donne des conseils, c’est mon devoir. Certains ne les suivent pas, c’est leur, droit. Et tant que l’un d’eux n’avance pas la main pour dérober une bourse ou donner une nasarde, je n’ai pas à intervenir dans la vie d’un citoyen libre. Votre œuvre est bonne, monsieur Lebirbe faites qu’elle se répande et s’impose, mais n’attendez pas de moi que je vous prête des gendarmes pour jeter dans les fers ceux qui ne pensent pas comme nous.