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s’abstiennent d’enseigner ce que décrivent la plupart des romans populaires, c’est-à-dire le meilleur moyen de fracturer une serrure ou d’assommer une blanche aïeule, et s’il faut aller jusqu’aux détails, nous aimons mieux suggérer à l’ouvrière une volupté peu connue que de lui apprendre en six colonnes comment on fait la fausse monnaie.

— Et si cette volupté est stérile ? dit Pausole.

— Si une joie passagère est stérile, qu’importe ? Le corps de la femme renferme quatre-vingt mille ovules et ne peut guère concevoir plus de dix-huit fois sans danger. Donc (en prenant ce chiffre de quatre-vingt mille dans sa précision rigoureuse), il appert que l’ordre de la nature elle-même et le dessein du créateur confèrent à la jeune fille vers le milieu de sa douzième année une réserve de soixante-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-deux plaisirs à la fois stériles et licites dont ils ne seront frustrés en rien, puisqu’ils ne pourraient pas leur faire porter fruit. L’important est de maintenir la femme dans l’inclination naturelle qui la penche vers la volupté. Qu’elle ait le désir simple ou multiple, elle concevra un jour ou l’autre et léguera des existences qui justifieront la sienne. Mais il est clair qu’il en sera tout autrement si l’on propose aux vierges qui ne trouvent point de