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attirent une foule énorme et sont faites selon nos doctrines.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire conformes à la vie elle-même, à sa réalité comme à sa beauté. Quand la scène représente une discussion d’intérêt dans le cabinet d’un notaire, les acteurs y sont vêtus de noir selon les modes de l’endroit ; mais quand, au milieu d’un duo d’amour, la chanteuse crie : « Ô Voluptés ! Extase ! Ivresse ! » elle est nue, selon la logique des choses, car le contraire serait inepte. Et lorsque le ballet présente aux spectateurs une Vénus, trois Grâces, douze Captives ou soixante Bacchantes, c’est évidemment sans plus de mystère que n’en chercheraient les mêmes personnages dans le cadre d’un tableau, car il est incohérent d’avoir deux esthétiques sur un même sujet l’une pour la peinture et l’autre pour le théâtre.

— Jusqu’ici nous nous entendons.

— En outre, par le livre à bon marché, par le journal et par l’image, nous répandons sans relâche dans le peuple le goût de la nudité humaine avec le double sentiment qu’elle inspire, à l’esprit, d’une part, à la chair de l’autre, si tant est qu’on puisse séparer en deux éléments libres et distincts l’être unique soulevé par l’amour. Ces livres