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— Et c’est moi qu’on accuse de ce beau crime ? interrompit Giglio, qui comprenait enfin.

— Oui, de l’assassinat et de tout le reste. Le Roi vous attend pour vous envoyer en prison. Le monsieur du palais disait même que, pour vous, on devrait rétablir les supplices et vous brûler tout vif sur un bûcher.

— Un petit Servet pour passer le temps…

Giguelillot se leva et prit une attitude dramatique :

— Eh bien, Rosine, tu ne sais pas ce que c’est que le courage ? Le héros antique, le preux chevalier, l’indomptable paladin, le belliqueux pandour, le lion ! le lion ! tu ne sais pas ce que c’est que le lion ?

Il secoua ses cheveux, se frappa la poitrine et poussa un rugissement qui lui fit mal à la gorge.

— Qu’est-ce que vous allez faire ? dit Rosine affolée.

— Me défendre en personne. Je vais à la métairie.

— Mais ils vous écharperont ! Mais je ne vous laisserai pas partir !…

Giguelillot l’étreignit avec des frémissements artificiels, puis, se dégageant d’un seul bond en arrière :