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temps ! Vous allez prendre à la main chacune un des deux seaux que je viens d’apporter. Vous sortirez sans faire de bruit, mais franchement et avec calme. Ceux qui vous rencontreront peuvent redire aux policiers qu’ils ont vu passer, à neuf heures, deux laitières portant leur lait : l’une dont ils n’ont pas distingué le visage l’autre qui était brune, grande et nue. Je défie qui que ce soit de deviner là-dessous la blonde petite Princesse Aline avec l’inconnue qu’on poursuit.

— Que c’est bien imaginé ! fit Line en battant des mains. Et comme vous êtes bon, monsieur ! Je vais vous embrasser, si mon amie le permet.

— Non ! dit vivement Mirabelle. Nous n’avons pas le temps. Partons vite, puisqu’il le faut.

— Un instant dit Giglio. Où irez-vous, à Tryphême ? Où coucherez-vous, ce soir ?

— À l’hôtel.

— C’est cela ! Pour que vous soyez signalées dans les six heures par le service des garnis.

— Nous ne pouvons pourtant pas entrer dans les maisons particulières ni coucher sur un banc du Jardin-Royal.

— Il n’en est pas question. Vous allez prendre dans l’avenue du Palais la deuxième rue à droite,