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naissance des affaires qui échappent au ressort des justices de paix. À force de simplifier le Livre des Coutumes laissé par ses ancêtres, Pausole était arrivé à édicter un code qui tenait en deux articles et qui avait au moins le privilège de parler aux oreilles du peuple. Le voici dans son entier :

Code de Tryphême

I. — Ne nuis pas à ton voisin.

II. — Ceci bien compris, fais ce qu’il te plaît.


Il est superflu de rappeler au lecteur que le deuxième de ces articles n’est admis par les lois d’aucun pays civilisé. Précisément c’était celui auquel ce peuple tenait le plus. Je ne me dissimule pas qu’il choque le caractère de mes concitoyens. Pausole se réservait le plaisir quotidien de sauver par ses arrêts quelques libertés individuelles. Ce n’était pas un travail fatigant et d’ailleurs, l’excellent homme n’en eut point accepté d’autre, car sa liberté particulière présentait à n’en pas douter un intérêt de premier ordre et il respectait sa fantaisie qui lui conseillait d’être paresseux.

Ce jour-là, une douzaine de plaignants et une foule immobile attendaient, sur la pelouse om-