Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

composer un centaure coléoptère aux élytres de flamme et au corselet bleu.


— Voyez, Sire, dit Taxis, en montrant les porteurs de lances, voyez comme cette avant-garde est exacte et bien ordonnée. Les chevaux et les cavaliers sont tous de la même taille ; les lances ont passé à la toise et les casques au gabarit. Je connais la vie de ces quarante hommes. Ce ne sont pas là des soudards ni des coureurs de cotillons. Chacun d’eux porte en sa besace la Bible d’Osterwald, édition expurgée. Je les ai stylés de telle manière que si je leur demandais tout à l’heure de me citer un verset qui les réconforte au milieu de leur tâche actuelle et qui s’applique aux circonstances, tous ensemble citeraient le même passage : Fais-moi vaincre mes adversaires, mais garde-moi de l’homme violent, comme il est dit au psaume XVIII.

Giglio se haussa sur la barre de ses étriers :

— Cette escorte carrée avec ses lances en l’air est bête comme une herse renversée sur une route. Elle n’est ni forte ni martiale. Ces gens ne savent pas se tenir en selle ; ils sont droits, mais à la façon du valet de pied sur un siège ou de la dame de comptoir dans une salle de restaurant. Ils tien-