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désir d’en être l’heureux objet, elle ne doutait pas un instant que les faveurs de son amant ne dussent aborder peu à peu à toutes les parties de son corps où il serait doux de les attendre, et délicieux de les retenir.

C’est pourquoi elle voulut être digne des égards qu’elle espérait bien, sans les connaître exactement. Elle se poudra la peau. Elle se contempla. Sur son étagère à parfums elle choisit de la verveine, du cédrat et du foin coupé, parce que les essences végétales convenaient particulièrement à un rendez-vous sous les arbres, et elle en mouilla peut-être, à l’excès le petit corps nu qu’elle aimait tant.

Deux bas à cordons furent vite mis, ainsi qu’une chemise de jour ; le corset, plus vite encore flanqué au fond d’une armoire à linge. Là-dessus elle revêtit une robe Empire très légère, en serra la ceinture haute avec une épingle double qui se dissimulait sous un petit nœud, et constata que ce stratagème isolait en les soulignant les deux fruits chaque jour plus précieux de sa poitrine adolescente.

Enfin les trois quarts sonnèrent avant l’heure tant espérée.

La blanche Aline mit un chapeau qui, lui aussi,