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Que veux-tu ? dis-le. S’il le faut, je vendrai mes derniers bijoux pour qu’une esclave attentive guette le désir de tes yeux, la soif quelconque de tes lèvres.

Si le lait de nos chèvres te semble fade, je louerai pour toi, comme pour un enfant, une nourrice aux mamelles gonflées qui chaque matin t’allaitera.

Si notre lit te semble rude, j’achèterai tous les coussins mous, toutes les couvertures de soie, tous les draps fourrés de plumes des marchandes amathusiennes.

Tout. Mais il faut que je te suffise, et si nous dormions sur la terre, il faut que la terre te soit plus douce que le lit chaud d’une étrangère.