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Elle dort dans ses cheveux défaits, les mains mêlées derrière la nuque. Rêve-t-elle ? Sa bouche est ouverte ; elle respire doucement.

Avec un peu de cygne blanc, j’essuie, mais sans l’éveiller, la sueur de ses bras, la fièvre de ses joues. Ses paupières fermées sont deux fleurs bleues.

Tout doucement je vais me lever ; j’irai puiser l’eau, traire la vache et demander du feu aux voisins. Je veux être frisée et vêtue quand elle ouvrira les yeux.

Sommeil, demeure encore longtemps entré ses beaux cils recourbés et continue la nuit heureuse par un songe de bon augure.