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Plus que ses balles ou sa poupée, je suis pour elle un jouet. De toutes les parties de mon corps elle s’amuse comme une enfant, pendant de longues heures, sans parler.

Elle défait ma chevelure et la reforme selon son caprice, tantôt nouée sous le menton comme une étoffe épaisse, ou tordue en chignon ou tressée jusqu’au bout.

Elle regarde avec étonnement la couleur de mes cils, le pli de mon coude. Parfois elle me fait mettre à genoux et poser les mains sur les draps ;

Alors (et c’est un de ses jeux) elle glisse sa petite tête par-dessous et imite le chevreau tremblant qui s’allaite au ventre de sa mère.