Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avec soin, elle ouvrit d’une main sa tunique et me tendit ses seins tièdes et doux, ainsi qu’on offre à la déesse une paire de tourterelles vivantes.

« Aime-les bien, me dit-elle ; je les aime tant ! Ce sont des chéris, des petits enfants. Je m’occupe d’eux quand je suis seule. Je joue avec eux ; je leur fais plaisir.

« Je les lave avec du lait. Je les poudre avec des fleurs. Mes cheveux fins qui les essuient sont chers à leurs petits bouts. Je les caresse en frissonnant. Je les couche dans de la laine.

« Puisque je n’aurai jamais d’enfants, sois leur nourrisson, mon amour ; et, puisqu’ils sont si loin de ma bouche, donne-leur des baisers de ma part. »