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m’attendait dans la blanche maison nuptiale de la calle Lucena.

Quelle devait être cette joie, c’est ce que vous allez entendre.

Par un caprice que j’avais trouvé charmant, elle avait voulu entrer la première dans sa nouvelle maison enfin prête pour nous deux, et m’y recevoir comme un hôte clandestin, toute seule, à l’heure de minuit.

J’arrive : la grille était fermée aux barres.

Je sonne : après quelques instants, Concha descend, et me sourit. Elle portait une jupe toute rose, un petit châle couleur de crème et deux grosses fleurs rouges aux cheveux. À la vive clarté de la nuit, je voyais chacun de ses traits.

Elle approcha de la grille[1], toujours souriante et sans hâte :

« Baisez mes mains », me dit-elle.

  1. Les maisons espagnoles sont fermées par une grille à travers laquelle on voit, au-delà d’un large passage, le patio, cour intérieure d’une architecture très ourlée, avec une fontaine et des plantes vertes.