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part, elle consentit à ne plus remettre son affreuse cuirasse de toile : mais ce fut tout ce que j’obtins d’elle : et encore la première nuit où elle ne la porta point, il me sembla que ma torture en était encore avivée.

Voici donc le degré de servitude où cette enfant m’avait amené. (Je passe sur les perpétuelles demandes d’argent qui interrompaient sa conversation et auxquelles je cédais toujours ; — même en laissant cela de côté, la nature de nos relations est d’un intérêt particulier.) Je tenais donc chaque nuit dans mes bras le corps nu d’une fille de quinze ans, sans doute élevée chez les sœurs, mais d’une condition et d’une qualité d’âme qui excluaient toute idée de vertu corporelle — et cette fille, d’ailleurs aussi ardente et aussi passionnée qu’on pouvait le souhaiter, se comportait à mon égard comme si la nature elle-même l’avait empêchée à jamais d’assouvir ses convoitises.

D’excuse valable à une pareille comédie aucune n’était donnée, aucune n’existait.