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à la fripière. Bref, je doublai mon offrande et pris congé sur-le-champ, mettant une pudeur et un calcul également naturels à me taire ce jour-là sur mes sentiments.

Le lendemain, je ne le nie pas, il était dix heures à peine quand je frappai à la porte.

« Maman est sortie, me dit Concha. Elle fait son marché. Entrez, mon ami. »

Elle me regarda, puis se mit à rire.

« Eh bien ! je me tiens sage devant maman. Qu’en dites vous ?

— En effet.

— Ne croyez pas au moins que ce soit par éducation. Je me suis élevée toute seule : c’est heureux, car ma pauvre mère en aurait été bien incapable. Je suis honnête et elle s’en vante ; mais je m’accouderais à la fenêtre en appelant les passants, que maman me contemplerait en disant : ¡Qué gracia! Je fais exactement ce qu’il me plaît du matin au soir. Aussi j’ai du