Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour me laisser maîtresse de régler ton plaisir. Tu m’as dit que j’étais trop belle, mais tu n’as guère vu que mon visage : c’est lui que tu vas dépuceler d’abord.

— Comment as-tu deviné que j’y pensais ?

— Tu n’y pensais pas. Je t’y ai fait penser avant de te le dire. C’est encore un secret… Ma bouche, ma bouche qui te parle, veut se faire dépuceler. Tu consens ?

— Avec empressement et comme il te plaira.

— Si j’étais homme, j’aimerais bander sous le ventre d’une jeune fille qui offre sa bouche de vierge avant même de montrer ses autres pucelages. Il me semble que je lui dirais : Voilà deux lèvres faites pour sucer un vit.

— Eh ! je ne le pense que trop !

— Que penses-tu de ma langue entre mes deux lèvres ?

— Je n’en ai que faire. Prima, tu as juré de me mettre au martyre !

— Tu n’en as que faire pour l’instant, je le sais bien. Plus tard elle se fera connaître. Mes lèvres d’abord, ma bouche, c’est assez. Elles te suceront de toute leur âme parce qu’elles sont assurées d’avoir leur récompense : le foutre dont elles ont soif. »

Sans torturer le roi plus longtemps par les tentations et par l’impatience, la jeune fille se glissa vers le pied du lit, prit le membre dans sa bouche, — et son attente fut aussi courte que celle de son père avait été longue. Immobile et comme recueillie, elle but tout ce qui vint à jaillir. Puis elle ouvrit les lèvres et sourit tendrement.

Une demi-heure s’écoula sans que le roi songeât à se retirer dans un appartement voisin comme il avait fait l’autre nuit. Il