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peux pourtant pas n’en rien dire. C’était superbe, merveilleux.

Nous avons déménagé le 1er septembre pour venir habiter quai du Port, n° 19, au-dessus d’un pharmacien.

Enfin, je suis parti navré, désespéré de quitter le Tréport, le mardi 5 septembre 1887, à six heures du matin.

Finie la joie, fini le plaisir, fini l’été. En route pour six mois d’hiver et d’embêtement.

Je suis triste, ennuyé, abêti. Je ne fais rien. Glatron vient de venir avec Marcel. Ils sont partis aujourd’hui, et me voilà de nouveau seul. Le temps est triste, les feuilles jaunies, la pluie lugubre, et le ciel aussi, et moi bien plus.

Mais, je vais bien, je grandis, je prends des forces, je le sens. Je pèse soixante kilos juste. Je ne peux toujours pas savoir si je suis joli garçon ! Il y a des moments où je me trouve hideux, et d’autres où je me trouve moins mal. Où est la vérité ? On me dit que je suis bien. Dois-je le croire ? Ah ! peu importe après tout !

Une chose seulement m’effraie, m’épouvante même : suis-je… suis-je… bête ?

Oh non ! ce serait trop affreux !


Morceaux de Musique

entendus pour la première fois au Casino du Tréport, et que j’ai trouvés jolis :