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poussière, du manque d’air, et surtout de la rage de voir vingt personnes s’amuser quand soi-même on se morfond sur place.

Voilà pourtant ce qui m’est arrivé hier.

J’ai dansé en tout une polka, et un quadrille avec T… La polka a été ordinaire, mais, pendant le quadrille, je me suis réellement bien amusé. Nous l’avons dansé à dix au lieu de huit, sans tenir compte d’aucune règle, sans mesure, mais en riant comme des fous. Ma voisine d’en face était la ravissante Mlle Wanda.

Et puis ç’a été fini pour la soirée. Le cotillon a duré trois heures et demie ! Et pendant ce temps, Oh !

À trois heures du matin, souper… Au bout d’un quart d’heure de table, tous les jeunes gens étaient gris. Ils se sont mis à chanter tout haut, puis à tue-tête, d’abord Frère Jacques, puis le Bi du bout du banc et d’autres chansons du même genre. Puis on en vint aux chansons politiques, Boulange, etc., et enfin aux chansons de brasserie. On a même été un peu loin. Les chansons de Célestine, ma cousine, et de Thérèse, Thérèse, mets-toi donc à ton aise, n’étaient pas faites pour des oreilles de jeunes filles.

Enfin nous sommes partis à quatre heures du matin, en plein jour, et rentrés à travers le Tréport endormi, ce qui était des plus curieux.

Mais le plus charmant souvenir qui me res-