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Jeanne B…, puis avec T… Je suis dans une joie incroyable. Je ne comptais pas danser en sortant d’ici, mais Jeanne B…, voyant que son père dansait avec T…, pour la première fois, lui aussi, elle m’a invité. J’ai d’abord refusé, je n’avais pas de gants. Mais mon oncle m’a prêté les siens, des gants trop larges, en Suède brun, que je me rappellerai toujours comme souvenir de ma première danse, et nous sommes bravement partis.

Mais, pour T…, je suis revenu à la maison chercher mes gants, et elle m’a accordé la seconde polka.

Il faut dire aussi que je ne danse guère bien encore, je ne me le dissimule pas, et même, si je voulais me le dissimuler, je ne le pourrais pas, car T… me le répète toute la journée. Elle prétend qu’elle est plus fatiguée quand elle a dansé une foi avec moi que quand elle a passé toute une soirée au Casino.

Oh ! demain ! la soirée chez Mme Morel.


Lundi, 15 août.

Eh bien, la soirée chez Mme Morel, prttt !

Je ne connais pas d’ennui comparable à celui qu’on éprouve quand on a fait la bêtise d’aller au bal sans savoir danser, et qu’on reste six heures de suite sans faire un mouvement, assis, sur une banquette, souffrant de la chaleur, de la