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bord de la mer, et dans le monde, et avec T…

Mais commençons par le commencement.

J’écris cette véridique et intéressante relation, de mon lit, à dix heures du soir, en tenant ma bougie de la main gauche.

Le voyage a été horriblement long (neuf heures), terriblement ennuyeux, et chaud, mais chaud !

Neuf heures de trajet en seconde le 9 août, par une température du Sénégal, cela peut bien compter pour quinze ans de purgatoire. Et le train allait de moins en moins vite. À la fin, d’Abbeville au Tréport, j’avais la tentation de descendre du train et de suivre à pied, comme on suit une voiture sur une côte. Et sans plaisanterie je l’aurais fait.

Enfin nous arrivons. Ma tante et T…, qui étaient parties hier en avance, viennent à la gare. Pas d’appartement. Nous nous reposons, T… et moi, dans l’appartement de M. B… pendant que mon oncle et ma tante vont cherchant un gîte. M. B… nous fait bientôt grâce de la contemplation de son appendice nasal, qu’il a fort développé et fort biscornu, et T… me nomme alors tous les passants en me racontant tous les cancans de plage. Mlle C… quinze ans, fille d’un conseiller municipal de Paris, tout ce qu’il y a de moins bien. Fait un traité sur le divorce… ou quelque chose de pis, me dit T… (hum ! hum !). MM. de F…, qui mettent des maillots roses avec leurs armes dessus.