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Charles IX, de Mérimée, Paul et Virginie, Chiffon, d’Assolant, et la Princesse Oghéroff, d’Henry Gréville.

Le premier a vieilli. Mais c’est très joliment écrit, et il y a quelques belles scènes. Je l’avais déjà lu autrefois, il y a deux ans, mais je n’y avais rien compris, et depuis j’avais tout oublié. En somme, c’est un joli roman. Cela ne vaut pas Mateo Falcone, à beaucoup près, mais il faut dire aussi que Mérimée débutait alors.

Quant à Paul et Virginie, si l’on ne regarde que les belles pensées que ce roman contient, c’est certainement un livre très remarquable. Mais, si l’on veut y chercher un roman, c’est pitoyable. Les caractères ne sont pas tracés. Nous ne connaissons aucun des personnages : ils sont tous uniformément parfaits. Mme de la Tour, Marguerite, Paul, Virginie, tout cela c’est une collection de petits saints, qui n’ont pas l’ombre d’un défaut et qui ont tous les mêmes qualités. Il n’y en a pas un qui ait un trait particulier, le distinguant des autres. C’est d’un patriarcal et d’un candide absolument invraisemblable. C’est un lot de statues en cire pour églises, et voilà tout. Il n’y a que Bouguereau qui pourrait illustrer ce roman. Il est aussi faux et aussi peu vivant dans ses tableaux que tous ces gens-là.

Il ne faut pas cependant être trop injuste. Il y a une page dans Paul et Virginie qui m’a tout à