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réflexions ; je veux, comme elle, le faire sincèrement. Je n’espère pas atteindre la profondeur de ses pensées, mais certes j’espère en dépasser l’élévation, et je suis bien certain, quoique je note ici tout ce que je pense, de n’avoir jamais à y noter des sentiments comme ceux qu’elle avait vis-à-vis de ses parents. Il est déjà bien extraordinaire qu’elle ait éprouvé ces sentiments, dans des moments de colère et de grande agitation, mais ce qui est honteux[1], selon moi, c’est d’avoir eu le cynisme de les écrire à tête reposée, après réflexion, et de livrer ainsi à l’appréciation d’un public indifférent de pareils jugements sur son père, sa mère et toute sa famille.

Ce que je trouve d’étonnant en elle, c’est la vérité avec laquelle elle a su rendre ses sentiments. Nous la voyons. Nous la connaissons, après avoir lu dix pages de son journal, comme si nous avions vécu dix ans avec elle. Et sous ce rapport-là elle sera toujours[2] pour moi un modèle, un idéal lointain, inaccessible, mais vers lequel je tendrai toujours[3].

Et puis, il y a encore un autre point de ressem-

  1. Oui. Et autant Baudelaire avait plus de talent, autant le début des Fleurs du Mal me dégoûte encore davantage.
  2. Erreur. Je ne pourrais plus en citer qu’une ligne, c’est la réponse de la mère : « Le Colisée ? Mais tu l’as déjà vu. »
  3. Tu es terriblement hyperbolique, mon petit P. L., et c’est insupportable.